La bataille de Leucate, livrée dans la nuit du 28 septembre 1637, constitue l’un des épisodes marquants de la guerre de Trente Ans entre la France de Louis XIII et l’Espagne des Habsbourg.
À l’extrémité orientale de l’actuel département de l’Aude, près de Narbonne, se dresse le promontoire de Leucate, séparé des Corbières par une vaste lagune et dominant la Méditerranée. Ses falaises blanches, qui lui valurent dans l’Antiquité son nom grec de leukòs (blanc), en font depuis longtemps un point de repère. Situé entre le Roussillon espagnol et le Languedoc français, au croisement des routes terrestres et maritimes, ce promontoire, occupe au 17e siècle une position stratégique essentielle pour la défense du royaume de France.
Le 27 août 1637, l’Espagne décide de frapper un coup décisif en lançant une armée imposante, forte de 14 000 fantassins et 1 600 cavaliers, contre la petite forteresse de Leucate dont la garnison ne dépasse guère une centaine d’hommes. Le siège commence aussitôt. La nouvelle se répand rapidement, provoquant une vive émotion à Toulouse, Montpellier et dans toutes les villes du pays. Les Capitouls toulousains s’inquiètent, la noblesse se mobilise, et la population locale se rallie pour organiser la défense.
Face à la gravité de la situation, des renforts sont rassemblés sous le commandement du duc d’Halluin, gouverneur de la province. Venues de tout le Languedoc, les troupes françaises atteignent Leucate et, dans la nuit du 28 septembre, engagent le combat contre les forces espagnoles. L’affrontement est violent, mais la manœuvre réussit : les lignes ennemies sont rompues et les assaillants mis en déroute. Le siège est levé, et la forteresse, qui semblait perdue, est sauvée.
L’épisode produit une impression considérable en Languedoc et bien au-delà. Dès la fin de l’année 1637 paraissent plusieurs récits du siège, en prose ou en vers, en français et en latin. Parmi les plus célèbres figurent Leucata obsidione liberata, le Brief narré des particularitez les plus remarquables qui se sont passées durant le siège de Leucate, le poème Leucata triumphans de J. Henric Auberio ou encore la Le siège et la bataille de Leucate par Paulhac ici présenté.
Des gravures, des plans du siège et des représentations de la déroute espagnole complètent les récits. Le plan présent dans Le siège et la bataille de Leucate, dessiné par Barral et gravé par Paule de Roques, offre une reconstitution assez précise de la forteresse de Leucate, de ses défenses et du théâtre des opérations le soir de l’assaut. On y distingue le promontoire entouré par la mer d’un côté et l’étang de l’autre. Le plan montre le camp espagnol autour de la forteresse et les Français disposés en arc de cercle sur la gauche.
L’exemplaire présenté appartient au fonds Fernand Pifteau mis en lumière en 2023 lors de l’exposition Fernand Pifteau, la passion du patrimoine écrit toulousain. Christian Péligry, directeur honoraire de la Bibliothèque Mazarine, était alors revenu sur ce haut fait d’armes dans la rubrique « Dix documents par dix chercheurs ».
Ce volume fait partie du corpus Ouvrages ibériques anciens des bibliothèques toulousaines de Tolosana. Il est conservé à la BU Arsenal de l’Université Toulouse Capitole.
Pour en savoir plus :
Revue de Toulouse et du midi de la France. 2e série, 13e année, tome 26, 1867
Vassal-Reig, Charles. La guerre en Roussillon sous Louis XIII (1635-1639). Paris : Occitania, 1934 [en ligne]
Posté le 28/11/2025 | Par Frédérique Laval
