Et Toulouse pour apprendre : la faculté de médecine de Toulouse recrute (il y a deux siècles)


Vacat cathedra…in schola medicinae universitatis tolosanaeVacat cathedra…in schola medicinae universitatis Tolosanae, c’est par ces mots clés que débutaient les avis de vacances d’emploi de la faculté de médecine de Toulouse sous l’Ancien Régime. Ce recueil est un précieux témoignage du recrutement des professeurs dans cette faculté au début du 18e siècle.

Il contient en effet une dizaine de « placards » (affiches) annonçant des vacances de chaires ou le programme des concours de 1706 à 1711, à l'occasion de quatre recrutements, ce qui représente un turnover assez important et inhabituel vu les effectifs réduits du personnel enseignant. Au début du 18e siècle, en effet, la faculté de médecine ne possède que quatre chaires : deux de médecine, une de pharmacie et de chimie et, depuis 1705, une d’anatomie et de chirurgie. Celle-ci a eu pour premier titulaire Joseph Courtial, nommé en octobre par un acte royal, sans concours. Les documents de ce recueil permettent de suivre la suite de sa carrière. A peine désigné professeur d’anatomie, il quitte déjà son poste, comme en témoigne l'avis de vacance de la chaire d’anatomie et de chirurgie publié en mai 1706, suite à sa nomination à une chaire de médecine. Les lettres patentes de nomination de Joseph Courtial lui avaient en effet accordé le droit d’être nommé, à nouveau sans concours, à la première chaire de médecine vacante, occasion qui se présente à la mort de Jean de Cartier le 21 février 1706. On devine que le fait de bénéficier par deux fois d’une exemption de concours a dû être modérément apprécié par les autres professeurs. En revanche, pour sa succession à la chaire d’anatomie le règlement habituel est bien observé. L’avis est publié quelques mois après la vacance, et le poste est « mis à la dispute ». Mais pour des raisons inconnues, il n’est finalement pourvu que deux ans plus tard, en juillet 1708 par Jérôme Toussan, qui ne l’occupe lui aussi que peu de temps, puisqu’il meurt en 1710 (l’avis de vacance de son poste, du 18 juillet 1710 figure d’ailleurs dans ce recueil). On retrouve ensuite Joseph Courtial à deux occasions dans les documents du recueil : en tant que membre du jury du concours organisé en juin 1708 pour le remplacement du professeur de médecine Jean Gaillard, et dans l’avis de vacance de son poste libéré suite à son décès, publié le 5 mars 1711.

Ces documents inédits (Jules Barbot ne semble pas en avoir eu connaissance) sont précieux pour l’histoire de la faculté de médecine de Toulouse sous l’Ancien Régime. Ils possèdent en plus une particularité rare : ils permettent de suivre les modalités de transmission de l'information, à l'époque de l'imprimerie artisanale et de la poste aux chevaux. Trois de ces affiches portent en effet en pied de page une mention manuscrite certifiant que les avis de vacances ont bien été affichés par les bedeaux dans les facultés de Douai, Poitiers ou Paris... Elles ont été retournées à la faculté de médecine pour servir d'attestation, comme le montre la lettre d'envoi de l'affiche de l'avis de vacance de la chaire de médecine publié le 5 mars 1711 à la suite du décès de Joseph Courtial. Il faut compter un mois à un mois et demi entre l'impression de l'avis et son affichage, ce qui est finalement assez rapide comparé à la durée totale du processus de recrutement.

Ce recueil est entré dans les collections de la bibliothèque universitaire en mai 1914, mais nous ignorons malheureusement les circonstances de cette acquisition.

Pour en savoir plus :

Jules BARBOT. Les chroniques de la Faculté de médecine de Toulouse du XIIIe au XXe siècle. Toulouse, A. Trichant, 1905 (tome 1)

Jacques FREXINOS. Histoire de la médecine à Toulouse : de 1229 à nos jours. Toulouse, Privat, 2015.

Posté le 04/06/2019 | Par Marielle Mouranche

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