Antoine Darquier de Pellepoix, l’observation du ciel à Toulouse au 18e siècle

Page de titre Observations astronomiques 1777Au 18e siècle, deux scientifiques, François Garipuy (1711-1782) et Antoine Darquier de Pellepoix (1718-1802) ont particulièrement œuvré pour faire de Toulouse une ville de référence en matière d’astronomie.

L’œuvre astronomique d’Antoine Darquier de Pellepoix est extrêmement abondante avec près de 4 000 observations réalisées sur cinquante ans. Les deux volumes d’Observations astronomiques faites à Toulouseimprimés à ses frais en 1777 chez Jean Aubert et en 1782 chez Antoine Laporte, retracent ses observations de 1748 à 1781.

Petit-fils d’un capitoul et fils d’un receveur des finances, Antoine Darquier est envoyé par son père au collège des Jésuites à Paris où il se distingue dans l’étude des mathématiques avec un goût prononcé pour le calcul et la géométrie. Il explique avoir passé « plusieurs années dans l’étude générale des mathématiques, incertain à quel objet particulier de cette science je m’attacherais de préférence ».

Après ses études, il revient à Toulouse où il occupe la charge héréditaire de receveur des impositions de la généralité d’Auch1 et celle de receveur provincial du clergé.

Inscrit dans la vie savante garonnaise, il est membre de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. Après avoir fait ses premières armes à l’observatoire de la Tour des remparts de la ville, il crée en 1751 son propre observatoire au-dessus de sa maison en aménageant une plate-forme de vingt-sept mètres carrés pour installer une lunette équatoriale. Son équipement est considérable et comporte un télescope Short, un héliomètre, une lunette de 7 pieds et demi, un quart de cercle et une lunette achromatique de Dollond.

Dans la préface des Observations astronomiques de 1777 il précise : « Je vais mettre sous les yeux du lecteur, le progrès, l’ordre, & la marche de mes études, & de mes observations ; la description des divers instruments dont je me suis servi, & de l’observatoire que j’ai fait construire ».

Le Journal des Savants rend compte de l’ouvrage au mois de février 1778. « On auroit peine à croire qu’il fut sorti d’une ville de Province un recueil d’observations aussi vaste, si l’on ne sçavoit combien les sciences sont cultivées à Toulouse. On trouve tout-à-la-fois, dans cet ouvrage, & l’exactitude & la sagacité, & les observations & leur comparaison avec les tables. Ce recueil est le fruit de vingt années d’’observations faites avec un courage que l’on n’attendroit pas d’un jeune homme, vif, libre & riche éloigné de la capitale, où l’émulation peut inspirer & soutenir le courage. »Portrait gravé d'Antoine Darquier par Géraud Vidal (1742–1801)

Après les deux volumes d’Observations, la suite des travaux de Darquier a été éditée dans les quatre premiers tomes de Histoire et mémoires de l'Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Ses ultimes études ont été rassemblées par Jérôme Lalande (1732-1807) dans son Histoire céleste. Lalande reconnaît la qualité des travaux de l’astronome toulousain et signale qu’il « a acquis des instruments à ses frais, il a établi un observatoire dans sa maison…,il a fait des sacrifices qu’aucun particulier n’avoit encore faits ».

Dans le premier volume d’Observations astronomiques faites à Toulouse, une gravure à l’eau-forte, exécutée par Géraud Vidal (1742–1801) d’après une œuvre du peintre liégeois Léonard Defrance (1735–1805), représente l’astronome toulousain dans son observatoire l’œil à son télescope. 

Les deux exemplaires présentés font partie du corpus Sciences et techniques en pays toulousain. Ils sont conservés à la BU Santé des Allées Jules Guesde.

 

Notes 

1. Charge héréditaire cédée à Antoine Darquier le 17 janvier 1757. Source : ADG, C 438, Registre des enregistrements des édits, ordonnances, arrêts, provisions d'offices, quittances, 17 janvier 1757.

 

Pour en savoir plus 

Lamy, Jérôme. « La pratique de l’astronomie à Toulouse au XVIIIe siècle ». L’observatoire de Toulouse aux XVIIIe et XIXe siècles. Rennes : PUR, 2007. [en ligne] 

Jérôme Lamy. « Noblesse et servitude du calcul astronomique ». Revue d’anthropologie des connaissances 3-2, 2009. [en ligne] 

Lamy, Jérôme. « Parcours initiatiques. Les élèves méridionaux de Jérôme Lalande ». Jérôme Lalande. Rennes : PUR, 2010. [en ligne]

Sanchez, Jean-Christophe. Institutionnalisation et normalisation des sciences astronomiques à Toulouse au XVIIIe siècle. Toulouse, une métropole méridionale. Toulouse : PUM, 2009. [en ligne]  

 

Posté le 18/09/2025 | Par Frédérique Laval

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