La pharmacopée toulousaine de Pons-François Purpan

Frontispice du Codex medicamentarius seu pharmacopoea Tolosana Le Codex medicamentarius seu Pharmacopoea Tolosana, publié en 1648, est le seul ouvrage, peu connu, d'un auteur dont le nom, lui, est bien connu des Toulousains : Pons-François Purpan. Il fait suite à une commande des capitouls et du parlement de Toulouse de recenser les médicaments que les apothicaires1 de la ville pouvaient fournir aux citoyens.

Au Moyen Age, et dès l’apparition de la profession, le besoin d’encadrer les apothicaires devient impératif afin de lutter contre le charlatanisme et les prescriptions illicites. On délimite les attributions et compétences respectives des médecins et des apothicaires. Aux médecins le diagnostic et la prescription, aux apothicaires la préparation des drogues et breuvages. Mais avec l’accumulation des connaissances et des procédés de fabrication, il devient de plus en plus difficile pour les apothicaires d’honorer correctement une prescription médicale sans se rapporter à un « Codex » dictant précisément un mode de préparation adéquat. La pharmacopée ou recueil officiel de médicaments voit donc le jour au 15e siècle.

La majeure partie des villes françaises font écrire, éditer et proclamer des pharmacopées qui ont force de loi sur leurs territoires. Ces ouvrages sont rédigés par un collège de médecins sur l'ordre de l’autorité royale ou locale.

A Toulouse, c'est en 1648 que les capitouls et le parlement de Toulouse décident de faire procéder à cet inventaire de médicaments. La première pharmacopée toulousaine, imprimée quelques mois plus tard, est établie par une équipe de 12 médecins dirigée par Pons-François Purpan (1593-1660), alors doyen de la faculté de Médecine de Toulouse. Portrait de Pons-François Purpan

Un portrait de celui-ci appartient à la faculté de Médecine depuis la fin du 18e siècle. Pons-François Purpan y est représenté en habit traditionnel de médecin. Dans le coin supérieur de l’œuvre se trouve un blason représentant des épis de blés surmontés d’une couronne comtale. Au bas de la toile, un bandeau (en latin) : "Pons-François Purpan, seigneur de Vendine et Pouvourville, professeur à la faculté des Arts libéraux en 1632, régent de la faculté de Médecine en 1639, homme à l’éloquence renommée, médecin reconnu et auteur de la Pharmacopée toulousaine, mort en 1660".

Ecrit en latin, le Codex Medicamentarius seu pharmacopoea Tolosana est imprimé par Arnaud Colomiez. Il est dédié à ses commanditaires, Jean de Berthier (1575-1653), premier président du parlement de Toulouse et aux 8 capitouls en fonction en 1648². Deux gravures sur cuivre réalisées par le hollandais François Stuerhelt accompagnent les épîtres dédicatoires. La première représente les armoiries de Jean de Berthier où est figuré un bœuf (ou un taureau) chargé de 5 étoiles. La seconde comporte les armes de la ville de Toulouse ainsi que celles des 8 capitouls. Armoiries de Jean de Berthier (1575-1653)

Cette pharmacopée compte 20 chapitres et liste près de 400 préparations. Rapidement dépassée, elle a été remplacée en 1695 par la Pharmacopoea Tolosana restituta, publiée à l'initiative des apothicaires de la ville.

Trois exemplaires du Codex Medicamentarius seu pharmacopoea Tolosana sont conservés dans les collections universitaires toulousaines. L’exemplaire numérisé dans Tolosana a d'abord appartenu à Bernard Dubor (1750-1836?), médecin à l'Hôtel Dieu de Toulouse et professeur à la faculté de Médecine de Toulouse. Il est ensuite passé dans les collections du professeur Jean-Dominique-Alexandre Rességuet (1828-19..) qui en a fait don en 1909 à la bibliothèque universitaire de Toulouse. 

L’ouvrage, conservé dans le bureau du bibliothécaire, a miraculeusement échappé à l'incendie de la section médecine du 27 octobre 1910. Celui-ci fait partie du corpus Sciences et techniques en pays toulousain et Enseignement en pays toulousain.

 

 

1. Le terme « apothicaire » désigne le professionnel en charge de la fabrication, de la délivrance et parfois de l’administration des médicaments prescrits par un médecin.

2. Pierre Auriol, Jacques de Cassagnau, Jean-François de Ramondy, Léonard de Brivasac, George Dolive, Bernard de Tissendier, Jean de Parrin et Anthoine de Fermat

 

Pour en savoir plus :

Bernier, Patrick. “La pharmacopée et son illustration du XVIe au XVIIIe siècle”. Revue d'histoire de la pharmacie. LXIII, N° 385, 1er trimestre  [en ligne]

Guitard, Eugène-Humbert. “Histoire toulousaine du métier d'apothicaire”. Revue d'histoire de la pharmacie. 30e année, N°112, 1942  [en ligne]

C Lile, Pierre. "Les grands médecins toulousains au XVIIe siècle". Toulouse, une métropole méridionale. Toulouse : Presses universitaires du Midi, 2009 [en ligne]

Posté le 02/09/2022 | Par Frédérique Laval

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