Images à découvrir : les inondations de la Garonne en juin 1875

Place du Clairedon  (quartier Saint-Cyprien, Toulouse), Atelier A. Trantoul. ToulouseA la fin du mois de juin 1875, des pluies diluviennes combinées à la fonte des neiges provoquent dans le Sud-Ouest une terrible crue de la Garonne qui reste, 144 ans plus tard, la plus dévastatrice de son histoire : 208 victimes, plus de 1200 maisons et 3 ponts détruits rien qu’à Toulouse. Cet album de photographies inédites offre une vision saisissante de l’ampleur des dégâts.

La crue de la Garonne et de l'Ariège, débutée le 21 juin, s'accroît brusquement dans la nuit du 22 au 23 juin : elle ateint une hauteur de 9 mètres au dessus de l'étiage et provoque des ravages inouîs. A Toulouse, les travaux de protection entrepris pour protéger le faubourg Saint-Cyprien s'avèrent vite insuffisants : le pont Saint-Michel s'écroule, la digue du cours Dillon cède... Il faut attendre deux jours et la décrue pour que les secours puissent pénétrer, le 25 juin au matin, dans le faubourg Saint-Cyprien, quartier particulièrement dévasté, où vivent de nombreux habitants dans de modestes maisons aux murs en terre crue. Les bas quartiers de Saint-Michel et de l’Île du Ramier, les Amidonniers ou les Sept-Deniers sont également touchés. Les populations n'ayant pour la plupart pas été évacuées, le bilan humain est particulièrement lourd.

Ces inondations suscitent un émoi important dans la France entière et la solidarité s’organise : le Conseil municipal vote un premier secours de 100 000 francs, l’Assemblée nationale un crédit de deux millions, de nombreuses souscriptions sont ouvertes en France comme à l’étranger, des spectacles sont donnés au profit des sinistrés. Pour autant, des controverses surgissent, sur l’organisation des secours et des chantiers de déblaiement, l’impéritie des ingénieurs qui n’ont pas su prévoir la catastrophe ; la politique et la religion s’en mêlent. Le président Mac-mahon se rend à Toulouse le samedi 26 juin et déclare n’avoir jamais vu de spectacle si affreux, même sur les champs de bataille1.

Mairie de FenouilletLa Dépêche publie au profit des victimes une brochure intitulée Les inondations de 1875 dans le Sud-Ouest, avec un « Plan de Toulouse après l’inondation des 23-24 juin 1875 » qui cartographie l'ampleur des dégâts. Des albums commémoratifs sont publiés à cette occasion, notamment par Provost père et fils.  Ce drame a aussi inspiré de nombreux récits, témoignages ou fictions, dont un bon nombre sont consultables sur Tolosana.

L'album ici présenté rassemble 44 photographies, anonymes et inédites, des ravages matériels causés à Toulouse et à Fenouillet. Elles sont pour la plupart légendées à l'encre ou au crayon. Pour Toulouse, les vues de l'avenue de Muret, du pont d'Empalot et du pont Saint-Michel sont les plus nombreuses. Le village  de Fenouillet (5 photographies), le pont de Pinsaguel et de celui de Valentine sont des sujets rarement présents dans l'iconographie de la crue de juin 1875. Plusieurs documents ont été ajoutés à l'album, sans doute par son acquéreur, Fernand Pifteau ; deux photographies de petit format, avec légende manuscrite (une de la porte de Saint-Cyprien - aujourd'hui disparue - et une de la place de Clairedon de l'atelier A. Trantoul à Toulouse) ; quatre photographies signées Eugène Delon ou "Provost père et fils", extraites des albums commémoratifs publiés.

Après les secours immédiats aux victimes et la lutte contre les pillages organisée par la mairie, vient l'heure des indemnisations et de la reconstruction. La mairie souhaite tirer la leçon  de ce drame : considérant que les mauvaises conditions de construction de la plupart des maisons effondrées expliquent l'ampleur des dégâts, elle prend un arrêté soumettant les autorisations au respect d'uné série de prescriptions et notamment l'interdiction de reconstruire en mortier de terre (14 août 1875).

1 - Cette citation est moins connue que le célèbre « Que d’eau, que d’eau » pour lequel il fut tant brocardé

Pont de Pinsaguel (Toulouse)

Avenue de Muret (Toulouse)

 

Posté le 12/06/2020 | Par Marielle Mouranche

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