Et Toulouse pour apprendre : Picot de Lapeyrouse et les rudistes

"Beau groupe d'orthocératites et d'ostracites angéiodes" (nom actuel : orthocératites = coquilles univalves pluriloculaires de céphalopodes du paléozoïque, ostracites = huîtres pétrifiées en fome de vase)Cette image un peu énigmatique est extraite de l'ouvrage de Picot de Lapeyrouse Déscription de plusieurs nouvelles espèces d'orthocératites et d'ostracites, publié en 1781 à Erlangen (Allemagne). Le naturaliste toulousain y décrit les fossiles observés dans la montagne des Cornes (Corbières). La terminologie employée est désormais obsolète, mais cet ouvrage est fondateur pour l'étude scientifique des rudistes, sous-famille aujourd'hui éteinte de mollusques marins bivalves fixés qui peuplaient les mers chaudes à l'ère secondaire.

Philippe Picot de Lapeyrouse, après des études de droit et un début de carrière à Toulouse comme avocat, peut ensuite grâce à un héritage se consacrer à sa passion pour l'histoire naturelle. Devenu un naturaliste éminent dans les domaines de la botanique, de la minéralogie et occasionnellement de la paléontologie, il rassemble un remarquable cabinet naturaliste dédié surtout aux régions pyrénéennes, célèbre pour la variété de ses flores et de ses minéraux. Il exerce également différents mandats politiques locaux : président du district de Toulouse pendant la Révolution, conseiller général de la Haute-Garonne de 1800 à 1801, premier maire de Toulouse de 1800 à 1806. Il se consacre également à l'enseignement de l'histoire naturelle, d'abord à l'Ecole centrale de Toulouse en 1794, puis à la faculté des Sciences. Il y enseigne de 1810 jusqu'à sa mort en 1818, à l'âge de 74 ans, et en est le doyen de 1811 à 1814.  Ses collections minéralogistes sont offertes en 1823 à la faculté des Sciences de Toulouse par son fils Isidore, qui lui succède comme professeur. Elles comptent 2 545 pièces minéralogiques qui forment le noyau des collections de géologie aujourd’hui conservées à l'Université Paul Sabatier. Les collections de botanique et quelques fossiles (dont les rudistes des Corbières), sont actuellement conservées au Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, le petit herbier est conservé à l'université de Montpellier.

Cet exemplaire de la Déscription de plusieurs nouvelles espèces d'orthocératites... évoque également une autre figure de la faculté des sciences de Toulouse, puisqu'il a été offert avec une dédicace autographe au laboratoire de géologie de la faculté par Louis Mengaud, qui occupa la la chaire de géologie et minéralogie à Toulouse de 1928 à 1943. Il fait partie du corpus "Sciences et techniques en pays Toulousain" de Tolosana.

Autres documents concernant Picot de Lapeyrouse consultables sur Tolosana.
 

Pour en savoir plus :

Amanieu, René, "Une personnalité toulousaine de la fin du XVIIIe siècle : Philippe Picot, seigneur de Lapeyrouse",  Annales du Midi..., Tome 71, N°46, 1959. pp. 143-192. En ligne

Bilotte, Michel, La montagne des Cornes. Un passé historique, un présent alarmant..., 2009    En ligne

Durand-Delga, Michel, Philip, Jean, "Le rôle précurseur de Philippe Picot de Lapeyrouse, naturaliste toulousain du Siècle des lumières, dans la paléontologie des rudistes",  Comptes rendus Palevol, 2 (2003) 181–196.

Françoise Huguet et Boris Noguès, «Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880)», juin 2011  En ligne

Posté le 27/11/2018 | Par Marielle Mouranche

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