Muséum d' histoire naturelle

Présentation

Dès son ouverture en 1865, le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse a joué un rôle précurseur dans la diffusion des connaissances sur la Préhistoire : sa « galerie des cavernes », présentant essentiellement des objets issus des fouilles du Midi de la France, est une première mondiale.

Les documents ici présentés sont une première sélection effectuée parmi les archives du Muséum d’histoire naturelle, qui permettent d’apporter un témoignage son activité dans ce domaine jusqu’au début du XXe siècle.

 


Les débuts

Lorsque le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse ouvre ses portes, le 16 juillet 1865, il offre à la curiosité des visiteurs une grande nouveauté : la Galerie des Cavernes. Il s’agit d’un espace spécialement consacré à la Préhistoire, son appellation s’expliquant par le fait que les objets qui y étaient exposés provenaient, à cette époque, essentiellement de fouilles pratiquées dans les grottes du midi de la France. Ce fut une première mondiale saluée par tous les commentateurs. Le milieu scientifique venait à peine d’être acquis à la grande ancienneté de l’Homme par les travaux de Jacques Boucher de Perthes ou d’Edouard Lartet, et le grand public voulait maintenant découvrir de visu les preuves de ce grand bouleversement idéologique. Evidemment cette première entreprise fut bientôt dépassée en ampleur, de manière provisoire tout d’abord, par l’Exposition Universelle de 1867 à Paris dont la section sur l’Histoire de Travail accueillit des collections préhistoriques venues de tous les horizons. Puis, de façon pérenne, par le Musée des Antiquités Nationales qui sera aussi inauguré la même année à Saint-Germain-en-Laye. Mais le rôle précurseur de Toulouse ne sera jamais démenti.

Cette galerie occupait alors l’aile nord du bâtiment accueillant le Muséum, ancien couvent des Carmes Déchaussés. Son organisation interne n’est pas connue, les descriptions littéraires étant peu précises et les représentations graphiques inexistantes. Nous en connaissons seulement la composition, outils et restes de faune préhistoriques provenant de cavernes du sud de la France, collection rassemblée par les propres recherches d’Edouard Filhol, créateur du Muséum, et de son fils Henri, puis complétées grâce à l’obligeance de donateurs comme Edouard Lartet, Victor Brun ou Félix Garrigou. La documentation disponible ne permet que de pointer un remaniement de cette salle en 1866 et l’accroissement constant des collections.

L’évolution de la Galerie des Cavernes et l’influence de Cartailhac

Après E. Filhol, c’est Jean-Baptiste Noulet qui prend la direction du Muséum entre 1872 et 1890, puis Eugène Trutat, précédemment conservateur, entre 1890 et 1900. Cette période voit un grand changement dans l’organisation de l’établissement et la galerie de Préhistoire est déménagée dans l’aile Est du bâtiment qu’elle occupera jusqu’à la restructuration du Muséum à la fin des années 1990. Sa dénomination évolue aussi. Elle est désignée alors Galerie Lartet, en hommage à ce grand préhistorien décédé en 1871. Les quelques photographies conservées permettent d’en documenter au moins trois états entre la fin du 19e siècle et 1922, à cette dernière date la salle étant rebaptisée Lartet-Cartailhac. A ce moment, elle doit effectivement beaucoup à Emile Cartailhac qui fut un familier du Muséum dès son ouverture, avant d’être provisoirement nommé conservateur-adjoint entre 1873 et 1876, mais surtout membre de la commission de direction à partir de 1901 puis conservateur de 1908 jusqu’à sa mort en 1921. Grand vulgarisateur, il remodela et compléta le dispositif d’exposition de manière à proposer un discours éducatif présentant au visiteur les grandes phases de la Préhistoire dans un ordre logique et chronologique. Louis Capitan pourra en dire : « il voulait que le musée fut un enseignement par les yeux ». Cette présentation fut une réussite et marqua durablement les esprits puisque le préhistorien Marius Latapie pouvait encore évoquer, en 1945, « cette belle salle de Préhistoire, avec toutes ces étiquettes si instructives de la main de mon vieux maître Cartailhac ». Les archives du Muséum conservent encore quelques-uns de ces cartels manuscrits.

Les reconstitutions : art pariétal et sépultures mésolithiques

L’apport essentiel d’Henri Bégouën, conservateur de 1922 à 1956, concernera l’art pariétal préhistorique. En 1912, il est le témoin privilégié de la découverte par ses trois fils, Max, Jacques et Louis, de la caverne du Tuc d’Audoubert et de ses extraordinaires bisons modelés dans l’argile, non loin de leur résidence à Montesquieu-Avantès dans l’Ariège. Les difficultés d’accès à ces œuvres d’art interdisant la visite au grand public, H. Begouën est conscient que les photographies ne sont pas suffisantes pour les apprécier à leur juste valeur. Il décide donc de faire effectuer par le préparateur du Muséum, Philippe Lacomme, une copie des bisons grandeur nature qui sera exposée dès 1923. Plus tard la présentation sera améliorée en insérant les modelages dans une reproduction de la caverne, le tout étant intégré, avec de nombreuses reproductions d’œuvres pariétales, dans un local particulier, la salle d’art préhistorique, inaugurée en 1935. Une autre pièce exceptionnelle intégrera le Muséum à cette époque. Il s’agit d’une sépulture double de la nécropole mésolithique de Téviec (Morbihan), fouillée entre 1928 et 1930 par Saint-Just et Marthe Péquart. Ces derniers en font don en 1937 et les deux squelettes avec leur parure de coquillages, trouvés accroupis côte à côte dans une fosse couverte de ramures de bois de cerf, bénéficieront pour leur présentation au public d’un spectaculaire remontage par P. Lacomme.

Le concours des expositions temporaires

A côté de la présentation permanente, un musée peut aussi recourir à des expositions temporaires pour compléter son discours. L’une d’elle, sur le thème du folklore et de la Préhistoire régionale, eut lieu en 1933. Nous sommes très peu renseignés sur son contenu et seule une photographie nous apprend qu’y furent présentées de curieuses peintures contemporaines reproduisant des œuvres pariétales de diverses grottes ornées. Puis une manifestation majeure se tint en 1956, œuvre de Louis Méroc, alors assistant au Muséum. Son titre, Cent Ans de Préhistoire Toulousaine, est très explicite. Son approche principale était historiographique et elle eut l’avantage d’être accompagnée d’une publication pour laquelle L. Méroc a accompli un immense travail en fournissant la biographie de dizaines de chercheurs régionaux, des plus illustres aux plus modestes. Ensuite, on signalera une présentation sur les animaux préhistoriques des Pyrénées en 1990-1991 et une autre sur les bijoux de la Préhistoire en 1995. Enfin, en 2010-2011, l’exposition Préhistoire[s], l’enquête, accompagnée d’un important ouvrage, marquera encore une fois l’attachement du Muséum de Toulouse à cette discipline.

Une politique éditoriale

L’effort d’édition du Muséum ne se limite pas aux catalogues d’exposition. Jean-Baptiste Noulet eut en son temps une politique extrêmement ambitieuse en créant les « Archives du Musée d’Histoire naturelle de Toulouse ». Il fut l’unique contributeur des quatre seuls fascicules parus entre 1879 et 1884. Tous traitent de préhistoire, régionale avec les gisements de la vallée de la Hyse ou de Clermont en Haute-Garonne et la grotte de Lombrives en Ariège, ou étrangère avec une étude sur le Cambodge. Il faut aussi évoquer les deux guides du Muséum publiés par Gaston Astre lorsqu’il en fut directeur et Henri Bégouën qui sortit un fascicule à l’usage de ses étudiants à propos de la découverte de plaquettes gravées à la grotte de Lamarche à Lussac-les-Châteaux (Vienne). Plus récemment, c’est un inventaire des ouvrages de Préhistoire conservés par la bibliothèque du Muséum et un cahier consacré à l’Ours des cavernes qui ont été édités.

M. Comelongue, d’après l’article publié dans : Le Muséum de Toulouse et l’invention de la préhistoire, Ed. du Muséum de Toulouse, 2010

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